La joie d’être prêtre

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Father Paddy Gilger, S.J. gives a kiss to his goddaughter and niece, Hayden Bauer.

PERMETS-MOI DE FAIRE UNE CONFESSION. Pendant que le temps de mon ordination approchait, j’ai commencé à avoir de terribles doutes sur l’éventualité d’être appelé à être prêtre. Je suis arrivé à être profondément dégoûté de toute allusion à la supériorité sacerdotale. J’avais peur de l’hypocrisie de cela, parce que je savais que je n’étais meilleur que personne d’autre. J’ai seulement accepté l’ordination en obéissance à mes frères bénédictins. Je pouvais m’identifier à Saint-Augustin qui avait pleuré quand il a été ordonné prêtre. Les ciniques penseront qu’il était en train de pleurer parce qu’on ne l’avait fait évêque, mais en fait c’était parce qu’il n’avait pas du tout envie d’être prêtre.

Après mon ordination j’ai vu avec horreur le prêtre de la paroisse de mes parents qui avancait vers moi. Il y avait seulement deux ans qu’il m’avait ordonné de laisser “ces dominicains hérétiques” pour qu’ainsi je puisse sauver mon âme. Cette fois, il s’est jeté sur le sol devant moi et a demandé une bénédiction de mes mains sacrées. J’ai fui la réception pour aller à ma chambre et retrouver le calme. Je suis seulement revenu parce que l’un de mes frères allemands m’a suivi à l’étage et a essayé de me parler sur le philosophe Heidegger. Ca a été pire encore.

Ne faire qu’un avec les pêcheurs

Je suis arrivé finalement à aimer mon sacerdoce dans le confessionnal. Ca a été là que j’ai découvert que l’ordination nous rapproche des gens juste quand ceux-ci se sentent le plus loin de Dieu. Nous ne faisons qu’un avec eux, à leurs côtés, parce qu’ensemble nous affrontons la faiblesse humaine, l’échec et le péché, les nôtres et les leurs.

Le sacerdoce non seulement nous rapproche des gens qui ont subi des échecs, il nous pousse également auprès des marginaux.L’une des occasions les plus sacrées à laquelle j’ai pris part a été aux funérailles d’un homme appelé Bénédict, il y a à peu près 25 ans. Je l’ai oint juste avant qu’il ne meure du sida et son dernier voeu a été que je l’enterre à la Cathédrale de Westminter. Bon… Cela a demandé quelques négociations ! Pour les funérailles, le cercueil était là au milieu de la cathédrale, et autour, ses amis étaient réunis, beaucoup d’entre eux également avec le SIDA. Là, il y avait au centre symbolique de la vie catholique en Grande Bretagne, le corps de quelqu’un qui représentait beaucoup trop d’exclusion. Un homme homosexuel qui a souffert jusqu’à sa mort du SIDA. A ce moment-là nous avons pu voir l’épiphanie de la sainteté radiante de Dieu.

Cette vision du sacerdoce que cette histoire rappelle est essentiellement missionnaire : atteindre les gens. Cela veut dire que servir à la communauté chrétienne ne peut être le seul Ministère des prêtres, en excluant tous les autres Ministères. Malgré que le manque de prêtres soit important, l’Eglise doit essayer de libérer quelques uns de nos sacerdotes pour d’autres manières de toucher les gens, pour que ceux qui ne se sont jamais approchés d’une église puissent être touchés et bienvenus. Même si un Ministère du prêtre est de se consacrer à une paroisse, alors la communauté de la paroisse doit être en quelque sorte missionnaire, en regardant au-dehors.

La sainteté du sacerdoce ne signifie pas que les sacerdotes soient nécessairement moralement supérieurs à personne d’autre. C’est le contraire de élitiste. Il exprime l’approche de Dieu pour ceux qui sont au bord de la route. Cela suppose une certaine dislocation sociale pour le prêtre  ordonné. Nous n’avons pas de place claire dans la hiérarchie sociale. Nous sommes des figures glissantes qui doivent être également à la maison avec des Ducs ou des ramasseurs de déchets. Nous sommes sur le point de matérialiser une inclusion qui ne peut-être complétement compréhensible à notre société actuelle et de la convoquer au-delà de toutes ses inclusions et exclusions.

Pas le devoir sinon le plaisir

Finalement, pour les prêtres le plaisir du règne de Dieu doit finir maintenant. Quand Jésus a été baptisé, on a entendu une voix qui venait du ciel dire : “ Celui-ci est mon fils bien-aimé, qui a toute ma faveur” (Matthieu 3,17). Dans le coeur de la vie de la Sainte Trinité il y a le pur délice de Dieu en Dieu, la joie du Père pour le Fils, qui est l’Esprit Saint. Jésus, le Suprême Sacerdote nous serre dans ses bras dans ce plaisir. Les prêtres sont emmenés vers le propre plaisir du Père et du Fils. La Sainteté de Dieu irradie ce plaisir que Dieu possède en tout ce qui existe. Quand Jésus a mangé et bu avec les percepteurs d’impôts et les prostituées, ce n’était pas un devoir. C’était un plaisir total en leur compagnie, dans sa propre existence. Quand Jésus a touché l’ intouchable, cela n’a pas été un geste froid, sinon l’étreinte du plaisir.

Ainsi, c’est pour notre socerdoce que nous nous réjouissons dans la propre existence des gens, avec tous ses essais à tâtons de vivre et aimer, qu’ils soient mariés ou divorcés ou célibataires, qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels, s’ils vivent leur vie en accord avec l’enseignement de l’Eglise ou non. La sainteté du sacerdoce resplandit avec ce plaisir. L’Eglise devrait être une communauté dans laquelle les gens découvrent le plaisir de Dieu en eux. Ca c’est le Ministère des sacerdotes. Ca c’est ma vie. C’est pour ca que je suis si content après toutes ces années où Dieu m’a emmené au-delà de mes doutes en acceptant l’ordination pour que ce plaisir puisse être mon plaisir aussi.

Le père Timothy Radcliffe, O.P. est un frère dominicain du prieuré de Blackfriars à Oxford, Angleterre. Il a été Maître de l’Ordre mondial des Prédicateurs (Dominicains) de 1992-2001. C’est un orateur fréquent et auteur de plusieurs livres, le dernier étant: A quoi ca sert d’être chrétien? (Burns & Oates).

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